Aller bivouaquer un soir de semaine

Aller bivouaquer un soir de semaine

une tente illuminée de nuit dans une forêt

L’aventure, c’est une épreuve physique hors norme dans des contrées lointaines. C’est ce que je pensais avant de partir faire un voyage à vélo à travers plusieurs continents avec mon cousin. Et puis pendant un an, le changement est devenu routine, le monde a perdu un peu de son mystère et mon regard a changé. Alors depuis que je suis rentré, j’ai mis un petit coup de polish à ma définition…

Un bureau avec vue

Open-space à la montagne

La semaine dernière, je suis parti bosser dans les Alpes, m’isoler dans un chalet pour me concentrer sur un dossier. Un matin, je lève les yeux sur la montagne d’en face : une arête calcaire s’en dégage, elle m’attire au loin. Il est 16h, j’ai la tête comme un melon à force d’être devant l’ordi. L’arête est toujours là, le soleil reflète ses courbes sur mon écran. Il fait froid dehors, j’imagine le givre des cimes et devine la neige des cols. J’ai pas le temps de réfléchir, mon corps déjà m’entraîne, mon sac se ferme, le thermos se rempli et les pneus se gonflent. C’est sur le guidon de mon vieux VTT que je sangle la tente.

La frontale, c’est vraiment pour la photo – ©Matthieu Witvoet

En avant guingamp !

Course poursuite avec le soleil

Au fil des kilomètres, des pensées refont surfaces comme ces nuages grisâtres que je pensais lointains. Je glisse sur la terre sèche du chemin, mon coeur tambourine au rythme des gradients. J’enlève vite mon collant, mon bonnet et mes gants pour ne pas transpirer. Enfin, après deux heures d’effort, j’atteins un premier col, la Croix des salles. Mais mon esprit n’est encore que tempête, j’ai besoin d’aller plus loin. Je laisse mon vélo et mon casque sur un arbre et pars en chaussures clip affronter le prochain col.

Bonjour, pourriez-vous m’indiquer le tabac le plus proche ? – ©Matthieu Witvoet

C’est une course avec le soleil que j’essaye en vain de rattraper. Mes pensées s’estompent avec la végétation. Ici déjà les arbres ne poussent plus, le vent est trop fort, la roche trop poreuse. L’automne transcende ce paysage au-delà du réel. D’où vient ce jaune d’or et cet orange emprunté au soleil ? Je profite de ce spectacle silencieux. J’accompagne le saucisson et le fromage d’un bon thé chaud. Autour de la tasse, mes mains captent la chaleur de l’eau chaude. Il est 20h, le soleil tombe et j’ai déjà froid. Un froid sec, un froid qui me saisit et me rappelle à la vie. Plusieurs fois, ce froid me réveille la nuit et j’aime cette sensation de me réchauffer en sautillant comme une chenille. Ce soir, je suis mon propre radiateur.

On est mieux ici que sur la ligne 4 – ©Matthieu Witvoet

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Le jour d’après

Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ?

Le matin, le vent souffle et je ne veux pas quitter mon enveloppe de plumes. En quelques secondes, je replie la tente et pars en courant sur les pentes givrées. Je ne pense plus à rien, absorbé d’abord par le tracé de mes pas puis par celui de mes roues. J’accueille cette sensation de plénitude comme les prémices d’un jour nouveau.

En rentrant chez moi, rien n’a bougé : ma chambre n’est toujours pas rangée, il pleut dehors et je n’ai plus de saucisson. Pourtant quelque chose a changé, j’ai ressorti du placard mes lunettes d’aventurier. Je regarde l’arête là-haut et repense à cette phrase du Dictionnaire Absurde du Rugby : « on n’est pas là pour être ici ».

Bringue aux questions

C’est où ?

Comment y aller ?

  • Départ du parking de Combloux village ou de Cordon. S’y rendre en bus depuis Sallanches.

Où se loger ?

  • Où vous voulez tant que vous laissez l’endroit aussi propre que vous l’avez trouvé !
ZZZZZZZ, RRRRRR – ©Matthieu Witvoet

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Quand y aller ?

  • Printemps, été et automne. Je déconseille l’hiver à cause des risques d’avalanche.

Quel matériel emporter ?

  • Des bâtons de marches
  • Un bon sac de couchage
  • Un sac à dos 40l
  • Une tente
  • Du sauciflard

Suggestion d’itinéraire

  • Continuez à monter jusqu’à ce que la fatigue ou le froid vous arrête. C’est comme ça que je fais le mieux le vide, sans itinéraire précis. Et puis c’est pas la destination qui compte, c’est le chemin pour y arriver !

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Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.